Mesures à court terme contre la pollution de l'air par l'ozone : le pour et le contre

CELINE - IRCEL l'a souvent dit et écrit : les mesures à court terme adoptées pendant un épisode de pollution élevée par l'ozone, telles que les obligations actuelles de limitation de vitesse au Grand-Duché de Luxembourg, n'ont d'autre effet que la sensibilisation. Ces mesures ne provoquent qu’une très faible réduction  des émissions des précurseurs de l'ozone et à cause de la non-linéarité des processus qui génèrent ce polluant, ces mesures amènent pendant un épisode un effet inverse de celui qui est attendu : les concentrations en ozone vont ainsi augmenter.

Seules des mesures durables et drastiques, prises à l'échelle européenne, peuvent apporter une solution à cette problématique. Une des mesures les plus importantes à cet égard est la directive qui concerne les plafonds nationaux d'émissions et qui détermine les quantités de polluants précurseurs de l'ozone ainsi que de substances acidifiantes que chaque état membre de l'UE peut émettre annuellement. Cela implique pour la Belgique une réduction des émissions par rapport à l'année 1999 (voir http://www.emep.int)de 39% pour les oxydes d' azote (NOx) et de 44 % pour les composés organiques volatils (COV). Le texte de cette directive (Fr) peut être trouvé ici.

Dans plusieurs études européennes, dont celle du VITO "Evaluatie van de effectiviteit van ozonmaatregelen voor de verbetering van de luchtkwaliteit en de vermindering van de hoge ozonconcentraties in Belgïe"  (Evaluation de l'efficacité des mesures visant l'amélioration de la qualité de l'air et la limitation des hautes concentrations d'ozone en Belgique) publiée en mai 1998 ainsi que le rapport final du groupe de travail de l'UE "Guidance for implementing Directive 2002/3/EC relating to ozone in ambien air", les experts européens arrivent aux conclusions suivantes :

Dans la plupart des pays du nord-ouest et du centre de l'Europe :

- le nombre de dépassements du seuil d'avertissement à la population (180 microgrammes  par mètre cube) diminue depuis le milieu des années 1990;
-l es mesures à court terme prises dans plusieurs pays pendant les années 1990 n'ont  montré qu'un potentiel limité de réduction;
- grâce à l'implémentation de directives européennes qui se traduit par ex. par   l'augmentation notable du nombres de véhicules équipées d'un catalyseur, certaines        mesures à court terme envisagées dans le passé, telle l'interdiction de circulation de  véhicules dépourvus de catalyseur, ne sont plus envisagées.
La mise sur pied de mesures à court terme supplémentaires tant à l'échelle locale que (sub)régionale est donc à oublier et est même un concept dépassé.

Des mesures temporaires  prises pendant trois mois dans le but de limiter le nombre de dépassements d'une concentration moyenne horaire de 240 microgrammes par mètre cube ne diminueraient les pics d'ozone que de 5 % au maximum en raison de la baisse relativement faible que ces mesures entraîneraient quant aux émissions. Tel est le cas pour pratiquement toutes les limitations imposées au trafic à l'échelle (sub)régionale (diminution de la vitesse, interdiction de circulation  pour les véhicules les plus polluants).

Combiner différentes mesures locales, concernant aussi l'industrie et le secteur domestique, peut être potentiellement plus efficace  pour autant que cela se fasse dans un contexte européen. Une réduction d'un maximum de 20 % pourrait ainsi être atteinte.

Dans certains pays, dont la Belgique, où la formation d'ozone est déterminée principalement par la quantité de composés organiques volatils (COV) présents dans l'air, des mesures limitées localement peuvent même conduire à une augmentation des concentrations "pic" d'ozone (l'effet "week-end" en est un bel exemple : dans les villes d'Europe de l'ouest, on mesure en moyenne plus d'ozone durant les week-ends que pendant les jours ouvrables nonobstant le fait que les émissions dues au trafic sont moindres). La situation est autre dans les régions ou villes, p.ex. Athènes, de l'Europe  méridionale, là où c'est la présence d'oxydes d'azote dans l'air qui est déterminante pour la formation de l'ozone et où des mesures locales de réduction s'avèrent donc efficaces.

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